Biography

Harry Callahan est un des grands noms de la photographie américaine de l’après-guerre ; c’est un artiste autodidacte, à la sensibilité artistique instinctive à l’instar de ses photographies très directes. Ses thèmes également, sont simples ; sa famille, la ville et les passants, les paysages de bord de mer ou de campagne, qui se mêlent parfois à des silhouettes féminines. Il dira lui-même « J’ai découvert la photographie comme passe-temps, avant de réaliser que c’était une chose dans laquelle je croyais vraiment. » Connu principalement pour ses photographies noir et blanc, il exprimera également sa vision très personnelle à travers des clichés en couleur vibrants et chaleureux.

Car, les photographies de Callahan se définissent moins par un sujet et un médium que par une vision, qui trouve son expression dès les premières photographies de l’artiste, et qui se caractérise par une immédiateté, un côté direct et rafraîchissant, une grande intensité et liberté de ton, ainsi qu’un certain humour, notamment dans ses expérimentations techniques. Cette vision est d’ailleurs, par certains côtés, une expression de la polarité d’influences que Callahan se reconnaît parmi les autres artistes. S’il a souligné son choc à la vue du travail d’Ansel Adams, il expliquera aussi être très touché par le caractère ludique et presque enfantin de Laszlo Moholy-Nagy, ainsi que par le côté franc et direct des photographies de Walker Evans.  Pourtant, ses photographies ne sont pas le simple produit du mélange de ces deux influences. Au contraire, celles-ci reflètent quelque chose de très intime dans la personnalité du photographe, à l’instar de ses clichés de sa fille Barbara et de sa femme Eleanor, qu’il dématérialise en la surimposant et l’intégrant à ses paysages. Selon lui, c’est d’ailleurs ce qui rend un travail intéressant ; « Les photographies qui me stimulent le plus sont celles qui disent quelque chose dans une manière nouvelle; pas pour le plaisir d’être différent, mais celles qui sont différentes parce que l’individu qui les produit est différent et que son individualité s‘exprime à travers ses photos. »

Il enseignera pendant de nombreuses années cette vision de la photographie, faite d’expérimentation et d’instinct plus que de théorie, où expression personnelle et introspection sont nécessaires. L’élégante précision et la sensualité froide qui se dégagent de ses photographies ont ainsi marqué des générations de jeunes photographes, tant du fait de son enseignement que lors d’expositions où Edward Steichen a mis son œuvre à l’honneur. En effet, Callahan a rapidement reçu une reconnaissance sans partage, pour sa maîtrise des techniques photographiques et pour la grâce, la froide harmonie, et la force éloquente de ses paysages et de ses portraits. La curiosité s’ajoute à son sens patient de la discipline, qu’il met en pratique dans ses expérimentations techniques comme les doubles expositions qu’il produit directement dans l’appareil, dans une réflexion sur le médium qui ne tarit jamais. Avec pleine confiance, il joue avec ardeur des techniques, et laisse avec humilité sa place au hasard. Sa recherche se trouve ainsi au point d’intersection entre les potentiels du médium et sa propre expérience intérieure. Très productif, obnubilé par la répétition des motifs et les manipulations techniques, il photographie sans cesse, déambulant dans les rues. « Je photographie continuellement, souvent sans véritables idées ou sentiments précis. Pendant ce temps les photos sont presque toutes mauvaises, mais je crois qu’elles développent ma vision et aident plus tard pour d’autres photos. Je crois très sincèrement en la photographie et j’espère qu’en pratiquant intuitivement, les photographies toucheront l’esprit des gens qui les regarderont. »

Entre introspectif, universel et intemporel, son travail a réussi le pari de toucher les gens dès ses premières œuvres, évoluant et grandissant avec son auteur. « J’ai toujours pensé que, lorsque j’ai commencé, j’ai eu la sensation que je faisais aussi bien que je ne ferais jamais. Je ne sais pas pourquoi j’ai senti ça, mais j’ai seulement ressenti que j’étais aussi bon que je ne le serais jamais. Donc mon idée était que, puisque j’avais cette sensation, je ferais cette affirmation en termes d’expérience de ma propre vie, et puis celle-ci changerait ; et mon rêve était que cela aboutirait à une œuvre entière et cohérente, le début aussi puissant que la fin, mais changeant tout du long d’une manière ou d’une autre, juste du fait de la vie elle-même. »

Harry Callahan est né à Detroit, Michigan, en 1912. Après des études d’ingénieur qui le passionnent peu, il travaille pour Chrysler Motor Parts Corporation, et se marie avec Eleanor, qui deviendra son modèle favori. Il s’intéresse à la photographie en 1938, et rejoint en 1940 un club photographique amateur, le Detroit Photo Guilds. À travers sa participation à ce club – dont l’esthétique pictorialiste ne l’intéresse guère – il rencontre Ansel Adams, Arthur Siegel et Todd Webb. Il devient vite très influent, tant par sa photographie qu’en tant que professeur, à la Chicago Institute of Design et au Rhode Island School of Design. En 1977 après plusieurs années d’enseignement il décide de se consacrer uniquement à la photographie, avant de s’éteindre en 1999.  Il a l’honneur d’une exposition personnelle au MoMA dès 1948, ainsi qu’en 1962 (une des dernières expositions sous la direction d’Edward Steichen) et en 1976. Récemment, ses œuvres ont été exposées à la National Gallery (Washington, 1996), Art Institute of Chicago (2006), RISD Museum (Rhode Island, 2008), Museum of Fine Arts (Boston, 2010), Fondation Henri Cartier-Bresson (Paris, 2010), National Gallery of Art (Washington, 2012), Tate Modern (London, 2014), Vancouver Art Gallery (2016), Maison européenne de la Photographie (Paris, 2016).

 

 

 

Harry Callahan is a famous American photographer of the post-war period. Self-taught artist, he has an intuitive sensibility, expressed in his straightforward photographs. His themes are simple; family, city and passerbies, seascapes and landscapes, sometimes mingling with female silhouettes. He said himself “I found photography as a hobby, and then finally realized that it was something that I really believed in.” Mostly famous for his black and white, he also expresses his very personal vision through vibrant and warmth colour photographs.

Indeed, Callahan’s photographs are defined less by a subject or a medium than by a vision, expressed since his very first shots, and characterized by directness, freshness, intensity and freedom, as well as some kind of humour, notably in his technical experimentations. Besides, his vision shows the polarity of influences Callahan admits amongst other photographers. If he underlined the impressive influence of Ansel Adams’ work, he also explained his identification to Laszlo Moholy-Nagy’s playful and childlike gaze, as well as Walker Evan’s directness. Yet, his photographs are not a simple product of these influences. On the contrary, his shots reflect something very intimate of Callahan’s personality, like in his photographs of his daughter Barbara and his wife Eleanor, whose body is dematerialized and superimposed to his landscapes. For him, this is exactly what makes a work interesting ; “The photographs that excite me are photographs that say something in a new manner; not for the sake of being different, but ones that are different because the individual is different and the individual expresses himself.”

For years he will teach this vision of photography, made of experimentation and instinct more than theory, where personal expression and introspection are necessary to the practise of the medium itself. The elegant precision and cold sensuality that emerge from his photographs thus influenced generations of young photographers through his teaching and through Edward Steichen’s exhibitions displaying Callahan’s oeuvre. Indeed, he soon received a large recognition, for his technical mastery and for the grace, the cold balance, and the eloquent strength of his landscapes and portraits. Curiosity is added in his art to his patient sense of discipline, in his technical experimentations like double exposures, which he produces directly in the camera, in an endless reflexion on the medium. With full confidence in photography, he plays with the technique, and with humbleness trusts the chance. His search is thus at the intersection of the potentialities of photography and his own inner experience. Very productive, he compulsively repeats the patterns and the technical manipulations “I photograph continuously, often without a good idea or strong feelings. During this time the photos are nearly all poor but I believe they develop my seeing and help later on in other photos. I do believe strongly in photography and hope by following it intuitively that when the photographs are looked at they will touch the spirit in people.”

Both introspective, universal and timeless, his work succeeds in touching people since the beginning, and his oeuvre then evolves and grow up with his creator. “I always believed that, once I got started, I felt I was doing as good as I’d ever do. I don’t know why I felt that way, but I just felt this was as good as I’d ever be. So then my idea was that, since I felt that way, I’d make the statement in terms of experiencing my life, and then it would change ; and my dream would be that it would end up as one big body of work, the beginning just as strong as the end, but changing throughout it all in some way, just because of life.”

Harry Callahan was born in Detroit, Michigan, in 1912. After engineering studies he works for the Chrysler Motor Parts Corporation, and marries Eleanor, his favourite model. His first interest for photography begins in 1938, and he joins the amateur Detroit Photo Guilds in 1940. Through his participation to the club – whose pictorial aesthetic doesn’t fit him – he meets Ansel Adams, Arthur Siegel and Todd Webb. He quickly becomes highly influential, both as a photographer and a teacher in the Chicago Institute of Design and the Rhode Island School of Design. In 1977, after several years of teaching, he decides to dedicate to photography only, before passing away in 1999 in Atlanta.  He was honoured of a personal exhibition at the MoMA as soon as 1948, as well as in 1962 (one of the last shows curated by Edward Steichen), and in 1976. Recently, his work was exhibited in the National Gallery (Washington, 1996), Art Institute of Chicago (2006), RISD Museum (Rhode Island, 2008), Museum of Fine Arts (Boston, 2010), Fondation Henri Cartier-Bresson (Paris, 2010), National Gallery of Art (Washington, 2012), Tate Modern (London, 2014), Vancouver Art Gallery (2016), Maison Européenne de la Photographie (Paris, 2016).

His works have been collected by numerous public collections, such as the BnF (Paris), Art Institute of Chicago, Baltimore Museum of Art, MET (New York), Minneapolis Institute of Art, Museum of Fine Arts (Houston), Museum of Fine Arts (Boston), Museum of Modern Art (New York), Cleveland Museum of Art, Corcoran Gallery of Art (Washington), National Gallery of Canada (Ottawa), Victoria & Albert Museum (London), George Eastmann House (Rochester), Yale University Art Gallery (New Haven), National Museum of Photography (Copenhagen), Smithsonian American Art Museum (Washington), High Museum of Art (Atlanta), National Gallery of Art (Washington), Museum of Contemporary Photography (Chicago), Philadelphia Museum of Art, Rijksmuseum (Amsterdam).