Biography

Léon Louis : Une matière pensive ? 

 

De la matière, beaucoup de matière : Léon Louis superpose les épaisseurs de peintures. Par delà le geste accumulateur il crée une nouvelle dimension, rugueuse et empâtée. Le support, qui est fixé à la verticale sur un mur lorsque l’artiste peint, ressemble à un bas-relief pictural, tant la peinture ayant coulé et formé des amalgames. Un œil, un crâne, un nez et des lignes : Léon Louis aborde la figuration dans une forme d’abstraction qui rend l’être indéterminable. Et alors que la couleur vive met en exergue, souligne ou fait ressortir, son absence, plus rare, interroge.

Né en 1957 et décédé en 2020 en Belgique, Léon Louis découvre en 2002 la « S » Grand Atelier commençant à se dédier à ce qui l’occupera à temps plein les dix-huit années suivantes, la pratique picturale. Passant du support papier à celui des plaques de bois ou encore de l’estampe au monotype, le peintre aborde tous les médiums avant d’y préférer la couche ( si ce n’est les couches) picturale.

Si sa thématique la plus répandue est celle de la religion catholique, avec une iconographie pieuse et une profonde foi personnelle, c’est ici un autre versant de sa production, tout aussi intime mais plus mystérieux. L’imagerie christique laisse place à un tragique plus trivial dont le crâne semble être la constante. Le geste y semble plus appuyé, précis peut-être, enfermé probablement. L’aspect mystique perdure indéniablement mais l’obstination propre au geste créateur semble cloisonné, comme pensif.

 

 

Jade Larrat