Au début de l’année 2020, Christian Liaigre proposait à François Sage une collaboration au travers d’une carte blanche au sein de la galerie Leo Arte, espace nouvellement inauguré.
L’exposition, qui se tiendra début novembre, rassemblera trois grands photographes contemporains et l’un des pionniers de la photographie japonaise du début du XXème siècle : Naoya Hatakeyama, John Gossage, Guido Guidi et Ogawa Kazumasa.
Ces artistes ont en commun une démarche quasi obsessionnelle de révélation du beau au sein d’espaces où il ne se manifeste pas de manière évidente. Une forêt, une carrière ou un élément de béton deviennent les lieux d’où jaillissent une esthétique d’une immense subtilité.
Les éléments végétaux et minéraux sont comme portraitisés afin d’en révéler une présence et une puissance que seul l’objectif photographique semble pouvoir mettre en évidence.
Ces quatre artistes ont pour seule démarche celle de la recherche d’une rêverie ou d’un vagabondage de l’esprit, qui mènera le spectateur vers un imaginaire poétique voir métaphysique.
JOHN GOSSAGE
John Gossage est le photographe du subtile, de l’ultra-sensible même.
Il ne parcourt pas le globe pour donner une énième version de lieux
lointains objectivement beaux et captivants. Il fait la démarche inverse.
Gossage fait le choix radical de photographier son environnement, les lieux où il vit, les lieux que l’on pourrait ne plus voir à force de les connaître. C’est là que réside son tour de force. Son œil, éternellement celui du jeune garçon qui quitta l’école à 13 ans, révèle la dimension esthétique que seuls voient les yeux encore purs, comme ceux des enfants. Un terrain vague, un marais, des graffitis deviennent poétiques, beaux et captivants comme les plus beaux endroits du globe.
C’est ce même regard qu’il porte et nous révèle dans cette série « The last days of Fontainebleau ». La forêt de Fontainebleau a été photographiée tellement de fois depuis le début de la photographie que l’ont pourrait se demander : le monde a t-il besoin de nouvelles photos de la forêt de Fontainebleau ? La réponse est oui mais si elles sont prises par John Gossage. Dans cette série Gossage a réussi a réaliser l’impossible avec des photographies qui sont originales, captivantes, mystérieuses et cependant très simples.
Dans son objectif, la forêt devient vivante, presque humaine, et il réalise quasiment des portraits des arbres qui la constituent. Et là encore, l’ultra-sensible se révèle et irradie. Le plus grand talent d’un photographe c’est de nous donner à nouveau le plaisir de regarder. Son accomplissement le plus important c’est de révéler l’invisible à travers des photographies qui ne soient ni complexes ni difficiles.
Les photographies de John Gossage ont été présentées dans de nombreuses expositions personnelles et collectives à travers le monde au cours de ces 35 dernières années. John Gossage est également présent dans de nombreuses collections privées et publiques notamment celle du MoMA de New York.
NAOYA HATAKEYAMA
Naoya Hatakeyama est un photographe de l’esthétique. Ses photographies sont des compositions où structures et couleurs deviennent le sujet même de l’œuvre.
Mais au-delà de cet esthétisme sophistiqué, ses photos sont toujours le point de départ d’un vagabondage de la pensée vers la rêverie poétique ou la réflexion métaphysique.
Souvent, le photographe représente l’ambivalence entre nature et culture, entre absence et présence humaine et produit des images énigmatiques, hantées par une beauté étrange qui interrogent le spectateur sur sa relation au monde. En effet la photographie est par excellence un «médium pour apprendre sur le monde », permettant de voir différemment, mais aussi de voir plus (ainsi une explosion dont les étapes ne sont pas visibles à l’œil nu), créant une conscience de la structure du monde.
Récemment, son travail a été exposé à la 49e Biennale de Venise, aux Rencontres d'Arles, au musée métropolitain de photographie de Tokyo et au San Francisco Museum of Modern Art.
Son travail est, entre autre, conservé au National Museum of Modern Art (Tokyo), au Victoria and Albert Museum (London), au MoMA (New York), à la Tate Modern (London), au SF MOMA (San Francisco) et à la Maison Européenne de la Photographie (Paris).
GUIDO GUIDI
Guido Guidi est une figure majeure de la photographie contemporaine.
Il se consacre au paysage vernaculaire et à ses transformations, à ce que l’on désigne aujourd’hui comme les « espaces périphériques », tout comme Stephen Shore ou Lewis Baltz avec qui il a collaboré.
Mais ces lieux et paysages se chargent toujours d’un supplément d’âme une fois dans l’objectif de Guido Guidi. Ses photographies sont purement poétiques, désarmantes.
Guido Guidi a photographié pendant plusieurs années les mêmes espaces à différents moments du jour et de l’année, explorant ainsi les notions de temps et d’espace : « ce qui m’intéresse dans la photographie, c’est la relation entre les objets et l’espace» dit-il.
En effet, ses œuvres font toucher du doigt la suspension du temps. Dans ses photos, le plus souvent dépourvues de sujets humains, on pourrait croire à un monde déserté par ces derniers mais qui serait néanmoins toujours habité par leur présence et leur chaleur.
L’œuvre de Guido Guidi a donné lieu à de très nombreuses publications et de nombreuses expositions parmi lesquelles : Salomon Guggenheim Museum de New York (The Italian Metamorphosis 1943-68, 1994), Centre Georges Pompidou de Paris (L’Invention d’un Art, 1989-1990), the Whitney Museum de New York (Mies in America, 2001), the Biennale of architecture, Venezia (2004) the Canadian Centre for Architecture de Montréal (2014), Fondation Cartier-Bresson, Paris (2014), Fondation A Stichting, Bruxelles (2016).
OGAWA KASUMAZA
Ogawa Kazumasa représente les débuts de la photographie japonaise sous l’ère Meiji. Sa photographie est posée, statique, esthétique. Quelque quoi soit le sujet, la composition est celle d’un portrait.
Il réalise notamment de délicates images de fleurs indigènes japonaises, des lotus, plusieurs variétés de chrysanthèmes et de lys, et des volubilis, tirées selon un procédé appelé chromo-collotype, les épreuves ayant ensuite été coloriées par les moyens de la lithographie.
Ses compositions de fleurs, à mi-chemin entre la photographie et le dessin sont devenues célèbres grâce à ses chromo-collotypes de grand format.
Récemment exposé au Japon en 2010 au Tokyo National Museum, Ogawa Kazumasa est une figure emblématique de la photographie japonaise.