« Sang noir » peut être regardée comme l’illustration photographique d’un conte ou d’une légende moderne qui reprendrait les thèmes et les personnages récurrents du genre : le chasseur, la meute, la bête sauvage, les forêts magiques et menaçantes et… le sang. Le photographe Elie Monferier considère ce travail sur l’activité immémoriale de la chasse comme une métaphore de la trajectoire humaine. L’homme-chasseur franchi la frontière d’une forêt symbole de son inconscient pour faire face à ses désirs et à ses pulsions les plus refoulés, les plus bestiaux. Le noir et blanc « dramatique » d’Elie Monferier réussit à métamorphoser la très peu sauvage forêt landaise en un espace originel, terrifiant et cruel. La technique photographique consiste ici créer une illusion à partir du sujet photographié : sous l’éclairage du photographe, le chien de chasse devient l’allégorie de l’animalité en l’homme, le trait d’union entre l’humain et la bête sauvage.
Elie Monferier explore les liens complexes que nous entretenons avec la nature, entre effroi et fascination. Autodidacte, il forge son œil et sa pratique par les livres de photographie qui lui donnent par ailleurs le goût et le talent de la création d’ouvrages artisanaux. Son premier livre, Sang Noir, véritable objet d’art relié à la main, a été élu « Meilleur livre auto-édité » à PHotoESPAÑA 2020. Il a dernièrement été exposé en 2021 à Arles, à la Fondation Manuel Rivera Ortiz lors des Rencontres de la photographies, à Paris, au Festival Circulation(s) dédié à la jeune photographie européenne, et en 2020 à l’Institut français de Berlin.